Vous pouvez demander à vos salariés de ne pas exercer une autre activité en dehors de celle qu'ils ont au sein de votre entreprise par une clause d'exclusivité.
Rédigée dans des termes généraux, la clause d'exclusivité vise toutes les activités, qu'elles soient ou non concurrentielles à celle de votre entreprise, que ce soit dans le cadre d'une autre entreprise ou pour le propre compte du salarié.
Elle vous permet ainsi de vous assurer de la disponibilité pleine et entière du salarié.
Pour les salariés à temps partiel, la clause d'exclusivité est limitée. Il faut que le poste occupé par le salarié rende nécessaire l'interdiction d'exercer une autre activité (conditions de validité rarement réunies en pratique).
Cette clause est également sans effet pour le salarié qui crée ou reprend une entreprise et ce, pendant une période d'un à deux ans.
Votre marge de manoeuvre reste cependant limitée et sous étroite surveillance des tribunaux, car :
Pour être valable, une clause d'exclusivité doit remplir cumulativement trois conditions :
En cas de litige avec votre salarié, vous devrez apporter la preuve que la clause remplit ces conditions.
Vous ne pouvez pas interdire les activités bénévoles du salarié.
Exemple : Aide bénévole à une association ou à une oeuvre désintéressée qui ne porte aucun préjudice à votre activité.
Vous ne pouvez pas appliquer la clause à tous vos salariés. Vous devez cibler les postes ou les fonctions concernées car, en cas de litige, vous devrez être en mesure de prouver que la nature des fonctions exercées est incompatible avec une autre activité professionnelle rendant ainsi la clause nécessaire.
Exemple :
Est par exemple justifiée par la nature des fonctions confiées au salarié, comptable, touchant à des éléments essentiels et confidentiels de la vie de la société, et proportionnée au but recherché, la clause d'exclusivité n'instaurant pas une interdiction absolue d'exercer une autre activité, mais imposant de recueillir l'accord préalable de l'employeur.
Par prudence, il est conseillé de l'exclure pour les salariés à temps partiel.
La clause doit faire obligatoirement l'objet d'un écrit accepté et signé par le salarié. Vous pouvez prévoir une clause d'exclusivité :
Elle peut être incluse dans un CDD ou un CDI.
Elle se différencie de la clause de non-concurrence :
la clause d'exclusivité n'a pas besoin, pour être valable, d'une contrepartie financière.
Soyez précis, veillez à toujours motiver de manière circonstanciée la nécessité d'introduire cette clause dans le contrat du salarié. Vous pouvez varier l'étendue de l'obligation d'exclusivité :
Le salarié qui crée ou reprend une entreprise peut bénéficier d'un congé ou d'une période de travail à temps partiel. Cette possibilité lui est aussi offerte afin d'exercer des responsabilités de direction au sein d'une jeune entreprise innovante.
Si son contrat de travail le liant à votre entreprise comporte une clause d'exclusivité, vous devez en suspendre l'application pendant 1 an (à compter de l'inscription au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers ou à compter de la déclaration de début d'activité professionnelle agricole ou indépendante). Ce délai de 1 an peut être prolongé de 1 an au plus.
Tous les salariés en congé pour création ou reprise d'entreprise, qu'ils soient à temps plein ou temps partiel, peuvent bénéficier de cette inopposabilité de la clause d'exclusivité, sauf les VRP.
Le salarié garde pendant son congé une obligation de loyauté envers votre entreprise, ce qui lui interdit toute activité pouvant vous concurrencer.
Si votre salarié se montre déloyal, vous pouvez prendre des sanctions disciplinaires. Ainsi, il a été jugé, par exemple, qu'un salarié qui crée une société portant sur un produit dérivé pour lequel il a procédé à des études de fabrication commet un acte déloyal justifiant la rupture de son contrat de travail.
Si le salarié exerce une autre activité professionnelle en passant outre une clause d'exclusivité valable, inscrite dans son contrat de travail, il commet une faute.
En fonction des circonstances de faits, vous pourrez appliquer une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'au licenciement immédiat sans préavis ni indemnité. Vous devrez alors respecter toutes les dispositions légales de procédure concernant les sanctions disciplinaires et le licenciement pour faute. N'oubliez pas de consulter votre convention collective pour vérifier si des dispositions complémentaires s'appliquent.
Si votre salarié exerce une activité depuis plus de 2 mois avant l'engagement de la procédure disciplinaire, vous devrez apporter la preuve (par tous moyens de preuve licites, témoignages, courriers, etc.) que vous avez eu connaissance de la faute de votre salarié dans ce délai de 2 mois.
Si vous estimez que la faute est grave et motive de ce fait un licenciement immédiat, réagissez sans tarder à partir du moment où vous avez eu connaissance de la faute du salarié.
Conseil
Les conditions de validité imposées par les juges sont strictes. Ciblez les fonctions ou catégories de salariés qui peuvent être concernées et réservez-la aux salariés qui ont des fonctions à forte responsabilité, ou stratégiques.
Même en l'absence de clause, les salariés doivent rester loyaux envers votre entreprise et respecter la durée maximale du temps de travail ; à défaut vous pouvez les sanctionner.
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