Lorsque nous sommes confrontés à une situation stressante, notre cerveau envoie un signal aux glandes surrénales : ce qui a pour effet d'augmenter la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la température corporelle, la respiration, pour amener plus d'oxygène aux muscles et au cœur. Or s'il n'est pas traité correctement, le stress peut devenir chronique, générer des insomnies et de la dépression.
Afin de gérer avec calme les petites et grandes situations difficiles de notre vie, aussi bien sur le plan professionnel que personnel, nous devons faire appel à notre intelligence adaptative en mobilisant les bonnes ressources cérébrales.
Ci dessous nous allons voir quelques situations stressantes que nous avons forcément du traverser durant notre quotidien professionnel au sein de l'entreprise ainsi que les solutions pour y remédier.
Le problème. Depuis l’arrivée de votre nouveau chef, vous vivez un enfer. Il multiplie les remarques blessantes à votre égard, vous crie dessus en prétextant que vous n’avez pas tenu compte d’instructions qu’il ne vous a en réalité jamais données et vous fait comprendre que vous n’êtes bon à rien. Bref, vous êtes sous la coupe d’un harceleur qui s’échine à vous faire douter de vous-même.
Les solutions. Surtout, n’entrez pas dans le jeu pervers dans lequel cette personne veut vous entraîner. D’abord, assurez-vous qu’il s’agit bien d’une situation de harcèlement. "Celle-ci se caractérise par la répétition d’actes destinés à déconsidérer un collaborateur", rappelle Céline Peres-Court, consultante experte en gestion du stress à la Cegos. C’est le cas ? A chacune de ses remarques, répondez par des éléments factuels, en restant aussi calme que possible afin de ne pas lui laisser le plaisir de vous déstabiliser. Citez des chiffres, des dates. Demandez-lui de rédiger par écrit ses instructions et conservez chaque e-mail afin de pouvoir les lui opposer. Surtout, ne restez pas seul. Si le problème perdure, parlez-en au médecin du travail ainsi qu’à un représentant du personnel. Ils pourront vous aider à alerter le supérieur hiérarchique de votre harceleur ou la direction des ressources humaines de l’entreprise, qui doivent le recadrer ou, éventuellement, vous proposer de changer de service. Mais il peut arriver que le soutien soit inexistant. "J’ai servi de défouloir à un homme dont le comportement était couvert par ses supérieurs car les résultats de son service étaient excellents, raconte Steve, responsable marketing dans un laboratoire pharmaceutique. J’ai fait le gros dos pendant deux ans : il a heureusement fini par être muté." Tout le monde n’a pas cette résistance. Vous pourrez alors être amené à porter l’affaire devant les tribunaux et/ou à quitter l’entreprise. Consulter un coach ou un psychologue vous permettra alors de comprendre ce qui s’est passé afin d’éviter de revivre un jour ce type de relation.
Le problème. Bombardé à la tête d’un nouveau service, vous avez de lourdes responsabilités à assumer. Les enjeux vous semblent immenses et vous craignez de ne pas être à la hauteur. Soucieux de trouver vos marques et de satisfaire tout le monde, vous oscillez entre euphorie et déprime.
Les solutions. Changez de posture psychologique. Vivez votre première semaine à votre poste comme une semaine d’intégration. Imprégnez-vous d’abord des lieux : les bureaux, la machine à café, la cantine. "Puis dressez une liste d’actions prioritaires, recommande Céline Peres-Court. Par exemple : formaliser des entretiens avec chacun des membres de l’équipe ; faire le tour des locaux pour rencontrer vos collègues ; découvrir les outils usuels (ordinateur, logiciels) ; rechercher les contacts utiles à votre métier…" Surtout, n’hésitez pas à poser des questions. Quand vous ne comprenez pas quelque chose, dites-le clairement. Renseignez-vous sur les us et coutumes du service. Quel est le rythme des réunions ? Y a-t-il un ordre du jour ? Communique-t-on beaucoup par e-mail, et selon quelle forme ? "Lorsqu’en 2005 je suis parti de Hewlett-Packard pour entrer chez Xerox comme directeur commercial européen, j’ai ressenti le stress de l’inconnu et j’ai vécu un vrai choc des cultures, se souvient Stéphane Matyas, aujourd’hui directeur du marketing chez Xerox Office France. Je me sentais complètement perdu. J’ai rempli mon agenda de rendez-vous afin de comprendre comment fonctionnait la maison. J’ai vu que j’apportais des compétences. Echanger m’a permis de vaincre mes doutes."
Le problème. On vous a demandé d’intervenir oralement face à une assemblée, un exercice dont vous n’êtes pas coutumier. C’est à votre tour de parler. Votre cœur s’emballe, vous transpirez, votre bouche se dessèche. Vous débutez votre intervention en bafouillant. Vous con¬fondez des mots, cherchez le fil de votre discours. Et, dans l’auditoire, vous êtes certain d’avoir vu plusieurs personnes regarder leur montre.
Les solutions. Avant d’intervenir, apprenez à vous relaxer. La sophrologue Nathalie Bergeron-Duval, cofondatrice du cabinet Sense For Business, propose l’exercice de la "bulle de détente couleur". Inspirez en pensant à une couleur qui représente pour vous le bien-être. Puis bloquez votre respiration, fermez les yeux et représentez-vous cette couleur. Enfin, expirez en imaginant que cette couleur se diffuse à tout votre corps. Répétez l’exercice cinq fois. Une fois entré dans la salle, prenez contact avec le public. "Dites : “Bonjour, installez-vous. Tout le monde a de l’eau, du café ?” Cette entrée en matière permet de distraire l’esprit des pensées parasites", observe Christiane Brouta, coach chez Demos. N’hésitez pas à dire que vous avez le trac : vous avez ainsi toutes les chances de le neutraliser. Et mettez-vous dans l’état d’esprit d’un comédien qui aurait à jouer le rôle d’un conférencier. Anna Svenningsson, commerciale support clients dans l’aéronautique, utilise cette astuce. "Lorsque je forme des ingénieurs ou des acheteurs des compagnies aériennes, je suis “Anna la pro”, et pas seulement Anna. Je m’habille en tailleur, avec des chaussures à talons. J’entre véritablement dans la peau de mon personnage. Du coup, c’est lui qui encaisse les critiques et qui improvise les réponses. Il me protège du stress."
Le problème. Vous avez presque achevé de rédiger un document urgent lorsque votre disque dur vous lâche. Tout votre travail est perdu, vous n’avez pas de sauvegarde et vous ne pouvez pas tout refaire dans les délais impartis. Entre désespoir et envie de meurtre, vous appelez le service informatique…
Les solutions. Avant de tout casser, effectuez six inspirations et expirations profondes par minute durant cinq minutes. Répété régulièrement, cet exercice fait baisser le taux de cortisol, l’hormone du stress. Ensuite seulement, analysez la situation. Ne pourriez-vous pas dresser une liste des dernières opérations que vous avez effectuées sur l’ordinateur ? Cela aidera la hot line à mieux saisir le problème et à récupérer vos données plus rapidement. "En attendant, profitez-en pour effectuer des tâches que vous différez depuis des lustres, préconise la consultante Géraldine Lemoine. Passez ces coups de fil que vous ne cessez de remettre à plus tard, triez vos dossiers, mettez de l’ordre dans votre courrier administratif et… écrivez avec du papier et un crayon !"
Le problème. Conséquence d’une grande réorganisation de l’entreprise, votre nouveau bureau, relégué au sous-sol, a la taille d’un mouchoir de poche. Et bien que vous ayez fait vos preuves, votre boss vous confie des missions dont le premier stagiaire venu saurait s’acquitter. Vous éprouvez un sentiment d’injustice… et une inquiétude légitime.
Les solutions. "Ne vous morfondez pas sans réagir, martèle Céline Peres-Court, à la Cegos. Parlez-en à votre supérieur hiérarchique direct : de toute façon, vous n’avez rien à perdre. Multipliez les propositions, les projets. N’hésitez pas non plus à demander à vos collègues de vous solliciter." Profitez, par exemple, du recul dont vous disposez pour identifier les dysfonctionnements de l’entreprise, ses faiblesses concurrentielles, et proposez des mesures concrètes. Tournez-vous aussi vers l’extérieur et employez le temps dont vous bénéficiez pour vous renseigner sur le marché, réactiver votre réseau et mettre à jour votre CV. Pensez encore à mettre à profit les jours de droit individuel à la formation que vous avez accumulés pour acquérir de nouvelles compétences. Et essayez de tirer parti de cet emploi du temps moins saturé. Consacrez-vous davantage à votre famille, à vos loisirs. N’ayez crainte, les pics d’activité reviendront bien assez vite.
Le problème. "A chaque fois qu’un gros dossier me tombe dessus avec un délai très serré, j’ai l’impression de recevoir un coup de massue sur la tête", reconnaît Ari Bitton, directeur général d’AB Courtage (crédit immobilier). Passé le choc initial, vous devez naviguer entre deux écueils : la paralysie et la dispersion intellectuelle.
Les solutions. Ne vous précipitez pas. Au contraire, cessez toute activité afin de vous concentrer sur l’essentiel. Ce qu’applique à la lettre Ari Bitton. "Je m’enferme dans mon bureau. Je coupe le téléphone, le portable, Internet, et je dresse l’inventaire des moyens à ma disposition." Bâtissez alors votre plan d’action. "Pour cela, décomposez les tâches, affectez-leur une durée. Constituez des listes sur papier. Vous aurez ainsi le sentiment de mieux contrôler la situation, ce qui atténue le niveau de stress", explique Nathalie Bergeron-Duval. Et rayez au fur et à mesure les travaux réalisés.
Le problème. Dès qu’elle s’absente une demi-journée, pas moins de 300 e-mails attendent dans sa boîte à son retour. Audrey Louail, directrice générale d’Euro Asian Equities (services Internet pour les entreprises), vit à chaque fois cette situation comme une mini-crise. "J’ai peur de me retrouver débordée et de rater un courrier crucial", explique-t-elle.
Les solutions. Il faut accepter que les e-mails s’accumulent pendant que vous planchez sur des dossiers ou que vous êtes occupé ailleurs. Pour bien gérer votre temps, ne consultez surtout pas votre messagerie de façon anarchique. Imposez-vous de fermer votre boîte à chaque fois que vous attaquez une tâche importante et lisez vos e-mails à des moments précis de la journée. Proposez aussi à votre équipe d’autres modes de communication que le courrier électronique. Incitez votre entourage à utiliser le téléphone ou à venir vous voir pour régler une question. Audrey Louail a ainsi renoué avec les réunions rapides, intitulées les "débriefs" : "Je vois mon équipe tous les jours pendant cinq minutes à 14 heures. On en revient à la bonne vieille communication orale !"
Le problème. Un collègue vise la même promotion que vous. L’ambiance est tendue, les coups bas se multiplient. Le matin, vous arrivez au bureau avec un nœud à l’estomac. Obnubilé par votre rival, vous avez du mal à vous concentrer sur votre travail et commencez à développer un complexe de persécution.
Les solutions. "Lors des luttes pour le territoire, le cerveau reptilien, primitif, reprend le dessus", analyse Christiane Brouta, du groupe Demos. Mais plutôt que de ressasser ou d’agir impulsivement, prenez un stylo. "Ecrire permet de ne pas garder son stress pour soi, souligne Céline Peres-Court, de la Cegos. Notez ce que vous ressentez à chaud. Laissez décanter une journée et reprenez les faits, identifiez les causes, décrivez vos sentiments : “Je suis en colère parce que je suis plus expert que lui, j’ai peur parce que je n’ai plus confiance en lui, j’ai peur qu’il me pique ma place”." En prenant de la distance de cette façon, vous ramenez la relation conflictuelle à de justes proportions. Pensez aussi à pratiquer un sport. Vélo, jogging ou marche : l’activité physique stimule la production d’endorphines, les hormones du plaisir. Et dans ce type de circonstance, vous en avez particulièrement besoin…
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