Les salariés recrutés sous CDD bénéficient des mêmes droits et sont soumis aux mêmes obligations que leurs collègues embauchés en CDI, mais la loi encadre strictement et restreint l'usage du CDD afin de limiter les situations d'emplois précaires.
Son recours est limitatif. Le CDD doit obéir à des conditions de forme et de fond, faute de quoi il sera requalifié en CDI sur demande du salarié.
Si l'emploi que vous envisagez de pourvoir relève de l'activité normale et permanente de l'entreprise, vous ne pouvez pas procéder à une embauche en CDD. En effet, vous ne pouvez recourir au CDD que pour l'exécution d'une tâche précise et temporaire et seulement dans l'un des cas limitativement énumérés par le Code du travail.
Si, au moment de l'embauche en CDD, vous savez que l'emploi ne présente pas un caractère temporaire, vous devez impérativement vous orienter vers un CDI. Tel est le cas, par exemple, lorsque le poste disponible résulte du départ d'un salarié dont le CDI a pris fin à la suite d'une démission ou d'un licenciement.
Dans les 6 mois suivant un licenciement économique, vous ne pouvez pas embaucher un salarié sur les postes concernés par le licenciement pour le motif de surcroît temporaire d'activité, y compris pour l'exécution d'une tâche occasionnelle, précisément définie et non durable ne relevant pas de l'activité normale et permanente de l'entreprise. Toutefois, cette interdiction supporte deux exceptions :
Vous ne pouvez pas conclure un CDD pour remplacer un salarié gréviste. En revanche, vous pouvez conclure des CDD sur des postes non concernés par la grève, en remplacement d'un salarié absent pour maladie ou accident du travail par exemple. De même, l'utilisation du CDD à la fin du conflit, pour rattraper le retard, n'est pas interdite.
Respectez bien cette interdiction. À défaut, outre la sanction pénale que vous encourez, vous risquez d'aggraver une situation déjà tendue.
Il vous est interdit de recruter un salarié en CDD pour effectuer des travaux particulièrement dangereux dont la liste est établie par le ministre du Travail. Cette liste comporte notamment :
Une dérogation peut néanmoins être accordée sur autorisation de la DIRECCTE. Le salarié doit être informé du caractère dangereux du poste qu'il occupe dans le contrat lui-même.
Vous devez respecter un délai d'attente avant de conclure un nouveau CDD ou une nouvelle mission d'intérim sur le même poste de travail, avec le même salarié ou un autre salarié (pour un CDD d'une durée égale ou supérieure à 14 jours, compte tenu, le cas échéant, du ou des deux renouvellements, le délai d'interruption doit être du tiers de la durée du contrat).
Ainsi, un contrat de mission conclu pour le remplacement d'un salarié absent ne peut être immédiatement suivi d'un contrat de mission conclu pour un accroissement temporaire d'activité. La succession de contrats de mission avec un même salarié n'est possible qu'en respectant le délai de carence sauf quand le contrat a pour objet la réalisation de travaux urgents ou d'emploi saisonnier, le remplacement d'un salarié. La succession de CDD sans ce délai n'est licite, pour un même salarié et un même poste, que si chacun des contrats a été conclu pour l'un des 8 motifs prévus limitativement par la loi.
De plus, vous avez aussi l'obligation de prévoir une interruption entre plusieurs contrats précaires avec le même salarié sur des postes de travail différents (la loi ne prévoyant pas dans ce cas de délai précis, la durée d'interruption est laissée à l'appréciation de l'employeur).
Pour conclure un CDD, vous devez vous trouver dans l'une des situations limitativement énumérées par la loi. Il doit s'agir exclusivement :
Vous pouvez aussi utiliser le CDD dans le cadre des dispositifs prévus par la politique de l'emploi. Ces contrats réglementés sont destinés à favoriser l'embauche de certaines personnes sans emploi, tels que le contrat initiative-emploi, le CDD senior ou le contrat de professionnalisation.
La liste des motifs autorisant le recours au CDD est limitative. Ce motif doit être mentionné avec précision dans le contrat sous peine de requalification en CDI.
En cas de litige sur le motif de recours au CDD, il incombe à l'employeur de rapporter la preuve de la réalité du motif énoncé dans le contrat de travail. Chacun de ces cas de recours est étudié dans la fiche correspondante. Nous vous invitons à vous y reporter.
Si vous recrutez un salarié sous CDD en raison d'un accroissement temporaire d'activité, vous devez impérativement établir un contrat de travail écrit. Ce contrat comporte obligatoirement les clauses obligatoires suivantes :
En l'absence de clause sur la période d'essai dans le contrat, votre salarié est réputé embauché sans période d'essai.
Pour être valable, le CDD doit être transmis et signé par le salarié au plus tard dans les 2 jours suivant l'embauche. À défaut, il peut être requalifié en CDI par le juge.
Le recours à ce contrat doit faire l'objet d'une consultation préalable du CE ou, à défaut, des délégués du personnel. L'accroissement temporaire d'activité doit être apprécié au moment de la conclusion du CDD ou de son renouvellement.
Le salarié que vous avez à remplacer doit être absent ou son contrat de travail temporairement suspendu. Toute absence de l'entreprise ou toute situation de suspension du contrat de travail peut justifier le recours à un CDD de remplacement dès lors que le contrat de travail du salarié à remplacer n'est pas rompu :
Ce cas de recours vise également la situation d'un salarié présent dans l'entreprise, mais temporairement absent de son poste de travail comme, par exemple, en cas d'affectation temporaire du salarié sur un autre poste à la demande du médecin du travail, de promotion avec une période probatoire, ou d'envoi d'un salarié en formation.
En effet, pour la jurisprudence, l'autorisation de recourir à un CDD de remplacement en cas d'absence temporaire d'un salarié s'entend de son absence aussi bien de l'entreprise que de son poste habituel. Cette solution a été rendue à propos d'une salariée engagée par succession de CDD de remplacement. Son dernier contrat avait été conclu pour remplacer une salariée permanente mutée provisoirement sur un autre poste de l'entreprise en raison d'un surcroît temporaire d'activité.
La durée de l'absence importe peu. Vous pouvez donc parfaitement pallier une absence de courte durée par ce type de CDD. En revanche, vous devrez disposer de suffisamment de temps pour pouvoir accomplir les formalités de recrutement sauf si vous avez déjà un candidat et que celui-ci est immédiatement disponible.
La nature du contrat de travail n'a aucune incidence non plus et il vous est parfaitement possible de remplacer par un CDD une personne absente elle-même embauchée en CDD.
Enfin, vous n'êtes pas tenu d'affecter le salarié embauché en CDD sur le poste libéré par le salarié absent. Vous pouvez en effet procéder à un remplacement « en cascade », c'est-à-dire muter temporairement un salarié de l'entreprise sur le poste laissé vacant et recourir au CDD pour remplacer le salarié muté.
Si la personne à remplacer ne fait plus partie de vos effectifs (suite à une démission ou un licenciement par exemple), vous ne pouvez pas utiliser le motif remplacement d'un salarié absent. Si de plus la personne occupait un contrat à durée indéterminée (CDI), cette situation s'oppose à la conclusion d'un CDD dans la mesure où le poste libéré est par nature un emploi permanent de votre entreprise.
Vous pourrez toutefois compenser temporairement ce départ si vous êtes dans l'attente soit de l'entrée en service du salarié recruté sous CDI appelé à le remplacer, soit de la suppression du poste de travail.
Vous ne pouvez pas remplacer plusieurs salariés absents par un seul CDD. Ainsi, il est interdit de recruter un salarié en CDD pour remplacer au fil des mois l'ensemble des salariés qui se trouveraient en congés annuels, ou pour remplacer plusieurs salariés absents nommément désignés sur le contrat. Il faut conclure un contrat par salarié remplacé.
Vous avez deux possibilités :
Vous pouvez conclure le CDD à terme imprécis pour la durée totale de l'absence de votre salarié, de sorte que le CDD prendra fin à son retour, ou pour le seul motif initial de l'absence. Dès lors que le CDD ne comporte pas de terme précis, il ne pourra prendre fin qu'au retour du salarié dont l'absence a constitué le motif de recours, même en cas de remplacement par glissement de poste.
Exemple : Un CDD de remplacement a été conclu pour pallier l'absence d'un salarié malade et précise qu'il s'achèvera à l'issue de l'arrêt maladie, le contrat ne prendra fin qu'au retour du salarié. De même, lorsqu'une salariée absente pour congé parental enchaîne avec un congé sabbatique, le CDD de remplacement se poursuit même si cette absence a été prolongée par un autre motif. Vous ne pouvez donc pas le rompre si le motif d'absence du salarié remplacé change.
En cas de modification du motif de l'absence, le CDD conclu initialement se poursuit. Ainsi, quand le CDD est conclu pour remplacer une salariée absente jusqu'à l'issue de son congé parental, il a pour terme cette fin, peu importe que la salariée remplacée ne réintègre pas l'entreprise pour cause de congé sabbatique pris au terme du congé parental.
Vous avez toute liberté pour fixer avec votre nouveau salarié la durée minimale du CDD à terme imprécis. Votre contrat cesse le jour du retour du salarié remplacé ou à la fin de l'absence indiquée dans le contrat. Si le salarié remplacé est de retour avant la fin de la durée minimale, vous devez conserver le remplaçant jusqu'au dernier jour de la durée minimale.
La rédaction d'un contrat de travail est obligatoire. À défaut, votre salarié sera réputé lié par un CDI avec votre société. Vous veillerez également à mentionner les clauses obligatoires suivantes dans le document :
En cas de remplacement « en cascade » vous devez préciser dans le contrat de travail la chaîne de remplacements et mentionner le nom et la qualification du salarié absent, mais aussi ceux du salarié muté temporairement et remplacé effectivement par la personne embauchée.
En l'absence de clause sur la période d'essai dans le contrat, votre salarié est réputé embauché sans période d'essai.
Le CDD doit être signé par l'employeur. À défaut, il sera requalifié en CDI.
Notez que si le salarié refuse délibérément de signer le CDD, ce dernier ne sera pas requalifié en CDI, à condition de démontrer l'intention frauduleuse.
Des aides ou des exonérations de charges sont souvent associées à ces dispositifs. Profitez-en !
Toutefois, le principe d'égalité de rémunération n'interdit pas de tenir compte de l'ancienneté du salarié remplacé.
Cette période de chevauchement sera fort utile pour assurer le transfert des consignes et des instructions et dans la limite du temps strictement nécessaire.
L'avantage est que le salarié dont le contrat se poursuit ne pourra plus demander la requalification de son contrat en CDI.
Le risque, c'est de devoir garder un salarié sous CDD de remplacement durant toute l'absence du salarié remplacé. Si vous avez la volonté de limiter la durée de présence du salarié, il est alors préférable d'avoir recours au CDD à terme précis.
Avant de conclure un CDD pour remplacement regardez au sein même de votre entreprise si vous ne pouvez pas répartir les tâches du salarié absent entre vos autres salariés.
Vous avez l'obligation d'assurer aux salariés embauchés en contrat à durée déterminée ainsi qu'aux intérimaires une formation renforcée à la sécurité, lors de l'embauche, dès lors que ces derniers sont affectés à des postes de travail présentant des risques particuliers pour leur santé ou leur sécurité.
La liste de ces postes est en principe établie par l'employeur, après l'avis du médecin du travail et du CHSCT ou, à défaut, des délégués du personnel.
Cette disposition a pour but de renforcer la prévention en matière d'accident du travail chez une population de salariés dits « précaires » qui sont, statistiquement, les plus touchés.
À défaut de mise en place de cette formation, la faute inexcusable de l'employeur, en cas d'accident du travail de l'intérimaire, sera présumée établie de manière automatique.
La jurisprudence considère que le fait que le salarié intérimaire ait déjà travaillé dans l'entreprise un an auparavant et sur des tâches similaires ne permet pas à l'employeur d'éviter cette obligation de formation ni d'échapper, en cas d'accident, à la présomption de faute inexcusable.
Relativement à cette indemnité perçue par le salarié, quand la requalification du contrat est prononcée par le juge elle ne peut faire naître à votre profit une créance sur votre salarié puisqu'il était au terme de son contrat éligible au versement de cette indemnité.
En effet, cette prime de précarité est inhérente à la situation juridique et sociale de votre salarié. En application d'une jurisprudence constante, elle ne doit pas être restituée à l'employeur. Le fait qu'une requalification ait lieu postérieurement par les juges du conseil des prud'hommes ne change rien.
En revanche, si la relation de travail se poursuit à l'expiration du CDD en un CDI, votre salarié n'a pas droit à l'indemnité de précarité.
Le salarié titulaire d'un CDD dispose pendant l'exécution de son contrat des mêmes droits individuels que ses collègues (durée du travail, jours fériés, hygiène et sécurité, etc.). De plus, il a accès aux mêmes équipements collectifs (salle de restauration pour prendre ses repas, titres-restaurant, vestiaires, transport, etc.).
Il dispose également de droits collectifs : il est électeur et éligible, peut être désigné comme délégué syndical et il a des moyens d'action identiques pour exercer son mandat.
Compte tenu de son statut précaire, il a droit également à des indemnités et des mesures propres :
Sachez que l'indemnité de précarité n'est pas due pour :
La contribution patronale d'assurance chômage est de :
Pour établir le taux, vous devez prendre en compte la durée initialement prévue au contrat, sauf renouvellement, ou à défaut la durée minimale. La durée du contrat s'apprécie de date à date.
Un salarié qui atteint 65 ans en cours de CDD n'est plus concerné par la majoration au terme du mois civil au cours duquel il a fêté son anniversaire.
Votre contribution ne change pas et reste fixée à 4 % dans les cas suivants :
Si la relation de travail avec votre salarié a été permanente, c'est-à-dire s'il y a eu succession ininterrompue de CDD, ou même s'il y a eu interruption mais que votre salarié ait été tenu à votre disposition, son ancienneté est acquise depuis sa première embauche. En conséquence, il est en droit d'obtenir la reconstitution de sa carrière et la régularisation de sa rémunération.
Cette indemnité de requalification à régler par l'employeur ne peut être inférieure à 1 mois de salaire. Une seule indemnité de requalification peut être accordée, y compris lorsque plusieurs CDD successifs sont requalifiés.
N'oubliez pas qu'elle ne peut en aucun cas déroger de manière défavorable à la loi en ce qui concerne les conditions de recours et de forme du CDD.
La loi est stricte en la matière, la précision du motif est indispensable car, à défaut, votre salarié peut demander la requalification de son CDD en CDI.
Pour la déterminer, vous devez tenir compte des durées des contrats de travail à caractère saisonnier successifs dans la même entreprise.
Ainsi, lorsque vous avez recours à ce contrat, les mentions suivantes doivent être précisées :
Enfin, n'oubliez pas que le contrat prend normalement fin avec la réalisation de l'objet pour lequel il a été conclu après un délai de prévenance au moins égal à 2 mois mais il peut toutefois être rompu par anticipation.
En effet, c'est à votre salarié qui demande le paiement de ces périodes liées à la requalification de son CDD, et non à vous, de prouver qu'il s'est tenu à votre disposition pendant ces périodes.
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