Quelles sont les obligations du dirigeant concernant les visites médicales ?

24/09/2015

Visite médicale.jpg
Depuis le 1er janvier 2017, le régime des visites médicales est modifié. La visite d'embauche a été remplacée par une visite d'information et de prévention réalisée par un professionnel de santé. Mais d'autres visites sont obligatoires.

Elle a toutefois été maintenue pour les personnes affectées sur des postes à risques. Les visites de suivi ont été espacées, le médecin du travail fixant leur périodicité en fonction de l'âge, de l'état de santé et des risques professionnels.

Quels sont les objectifs de la surveillance médicale des salariés ?

On compte 2 principaux objectifs :

  • lors de la visite d'information et de prévention : questionner le salarié sur son état de santé et l'informer sur les modalités de suivi et sur les risques éventuels d'exposition et le sensibiliser sur les moyens de prévention (ou lors de l'examen d'embauche, vérifier son aptitude au poste). Le professionnel de santé établit, sous l'autorité du médecin du travail, le dossier médical du salarié, lequel est ensuite complété à chaque visite ;
  • puis, périodiquement, assurer le suivi individuel du salarié.

Quand faire passer la visite d'information et de prévention ?

Depuis le 1er janvier 2017 la visite médicale d'embauche est remplacée par une visite d'information et de prévention dans un délai de 3 mois à compter de la prise effective du poste de travail. Cette visite peut être réalisée par un collaborateur, un interne en médecine ou encore un infirmier.

Pour les travailleurs de nuit et les jeunes de moins de 18 ans, elle a lieu avant l'affectation au poste.

Par ailleurs, à l'issue de la visite, les salariés handicapés ou titulaires d'une pension d'invalidité, les travailleurs de nuit et les femmes enceintes ou venant d'accoucher sont dirigés vers le médecin du travail en vue d'un suivi adapté, d'une périodicité qui n'excède pas 3 ans.

Les salariés en CDD bénéficient des mêmes dispositions que les salariés titulaires de CDI (visites médicales, suivi individuel de leur état de santé).

À la suite de cette visite, une attestation de suivi est remise au salarié ainsi qu'à l'employeur.

Lorsque vous souhaitez embaucher une personne, il est donc recommandé en parallèle de :

  • demander une visite médicale à votre médecin du travail afin d'évaluer si le salarié est apte médicalement au poste pour lequel vous souhaitez le recruter. Un avis d'inaptitude médicale serait un frein à cette embauche. Lors de cette visite médicale, il est important que le médecin du travail puisse avoir en sa possession une description précise du poste et de son environnement, afin qu'il puisse pratiquer les examens adéquats (par exemple, un audiogramme pour des personnes susceptibles d'être soumises à des nuisances sonores) ;
  • récupérer l'attestation de suivi qui précisera si le salarié est apte au poste que vous lui proposez ;
  • finaliser l'embauche du salarié sur la base de l'attestation de suivi ;
  • conserver l'attestation de suivi de cette visite d'information et de prévention dans le dossier du salarié.

Quels sont les constats qui peuvent être établis par le médecin du travail lors des divers examens médicaux ?

Le médecin du travail peut constater :

  • l'aptitude médicale au poste de travail occupé ;
  • l'aptitude médicale avec des restrictions liées à l'état de santé du salarié ;
  • l'inaptitude au poste.

Les indications données par le médecin du travail lient-elles l'employeur ?

L'employeur est tenu de prendre en considération les avis et les propositions du médecin du travail. S'il refuse, il doit en faire connaître les motifs par écrit au salarié et au médecin du travail.

En cas d'avis d'inaptitude, l'employeur doit proposer au salarié un reclassement sur un poste correspondant aux indications du médecin du travail.

Qui rémunère les salariés pendant ces visites ?

Le temps passé par les salariés à ces différentes visites, y compris les examens complémentaires, est assimilé à du temps de travail effectif. Ainsi, il doit, soit être pris sur le temps de travail avec un maintien de la rémunération, soit être rémunéré comme du temps de travail normal si les visites ont lieu en dehors du temps de travail.

Qui prend en charge les frais de transport pour se rendre aux visites ?

Les frais de transport nécessités par les examens médicaux doivent être pris en charge par l'employeur.

Quelles sont les dispenses d'une visite d'information et de prévention ?

Lorsque le salarié a bénéficié de cette visite dans les 5 ans ou s'il bénéficie de modalités de suivi adapté dans les 3 ans avant son embauche, l'organisation d'une visite d'information et de prévention n'est pas nécessaire, à condition que :

  • le salarié soit appelé à occuper un emploi semblable avec les mêmes risques d'exposition ;
  • le professionnel de santé soit en possession de la dernière attestation de suivi ou du dernier avis d'aptitude ;
  • aucune mesure individuelle ou avis d'inaptitude n'ait été émis au cours des 5 dernières années (des 3 années pour le salarié bénéficiant de suivi adapté).

Pour les salariés temporaires, il n'y a pas de nouvelle visite avant une nouvelle mission si les conditions suivantes sont réunies :

  • le personnel de santé a eu connaissance d'une attestation de suivi donnée pour un même emploi dans les 2 années avant l'embauche ;
  • le salarié est appelé à occuper un emploi semblable avec les mêmes risques d'exposition ;
  • aucun avis médical ou d'inaptitude n'a été émis au cours des 2 dernières années.

Quelques conseils

1. N'omettez pas de faire passer les visites qui s'imposent

En cas de défaut de visite médicale ou de prévention, vous vous exposez à des sanctions pénales et le versement de dommages et intérêts au salarié. Toutefois, votre responsabilité pénale ne semblerait pas être mise en cause si le salarié, régulièrement convoqué à votre initiative, s'est abstenu de se rendre à la visite.

L'employeur ayant manqué à son obligation d'organiser la visite d'information et de prévention ou l'examen d'aptitude à l'embauche est fautif même si le salarié n'a subi aucun préjudice du fait de l'absence de cette visite, et peut être condamné à lui verser une indemnité et à une amende de 1500 euros. En outre, le salarié peut obtenir la résiliation judiciaire de son contrat.

2. Fixez très rigoureusement les rendez-vous des visites médicales auprès de la médecine du travail

Il est conseillé de faire votre demande de rendez-vous auprès des services de santé au travail, dans le cadre des différentes visites exigées par la loi, plutôt par télécopie ou par courriel, pour des raisons de preuve de votre bonne initiative en la matière.

3. Si la déclaration préalable à l'embauche (DPAE) vous permet de faire une demande de visite d'information et de prévention, elle ne vous dispense pas de vous assurer de son effectivité

La demande de cet examen auprès du service de santé peut être réalisée automatiquement par le biais de la DPAE. Mais attention, la DPAE ne vous exonère pas de votre obligation générale de sécurité de résultat. Vous devez donc vérifier que la demande a bien été communiquée et que cette visite a été réalisée.

4. N'oubliez pas que même en cas de défaillance du service de santé au travail, vous restez responsable de l'absence de réalisation des visites médicales obligatoires

Dans le cadre des visites médicales obligatoires (information et de prévention, périodiques, de reprise, etc.), vous avez une obligation de sécurité de résultat. Vous ne pouvez pas vous y soustraire malgré la production d'éléments de preuve comme des lettres recommandées de demandes de rendez-vous au service de santé, et en invoquant l'inaction de ce dernier.

5. Sachez que les visites périodiques sont espacées depuis le 1er janvier 2017

Le suivi médical a une périodicité qui prend en compte les conditions de travail des salariés (comme le travail de nuit), l'état de santé et l'âge de chacun (handicap, grossesse, etc.) et les risques professionnels d'exposition.
Le médecin du travail décide de cette périodicité mais elle ne peut pas excéder 5 ans (3 ans pour les salariés handicapés).

Les textes officiels

  • C. trav., art. L. 4745-1 et R. 4745-3 (infractions aux règles de la médecine du travail), L. 4624-2, R. 3122-11, R. 3122-12, R. 4624-16 à R. 4624-28 (suivi médical et périodicité), L. 4624-1, R. 4624-10 à R. 4624-16, R. 4625-11, R. 6222-40-1 (visite d'information et de prévention, dispense et renouvellement), L. 4624-6 (avis, indications ou propositions), R. 4624-29 à R. 4624-33 (visites de préreprise et de reprise), R. 4624-34 (visites à la demande), R. 4624-35 à R. 4624-38 (examens complémentaires), R. 4624-39 (temps nécessité par les visites médicales), R. 4625-1 à R. 4625-13 (titulaires de CDD et travailleurs temporaires)
  • Cass. soc., 18 février 2015, n° 13-21.804 (l'absence de visite médicale du fait d'une simple négligence ne justifie pas la prise d'acte de la rupture du contrat)
  • Loi « Rebsamen » n° 2015-994 du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l'emploi (ouverture de la surveillance médicale renforcée)
  • Cass. soc., 9 décembre 2015, n° 14-20.377 (la défaillance du service de santé au travail n'exonère pas l'employeur de ses obligations en matière de visite médicale)
  • Cass. soc., 15 décembre 2015, n° 14-11.858 (avis d'inaptitude du médecin du travail et reclassement du salarié)
    Arrêté du 28 décembre 2015 (surveillance médicale renforcée)
  • Cass. crim., 12 janvier 2016, n° 14-87.695 (déclaration à l'embauche et effectivité de l'examen médical d'embauche)
  • Cass. soc., 13 janvier 2016, n° 15-20.822 (inaptitude à tout poste de travail)
  • Cass. soc., 15 avril 2016, n° 14-17.183 (visite médicale d'embauche tardive)
  • Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016, art. 102 II (réforme du suivi médical)
Vous souhaitez en savoir plus sur les obligations du dirigeant concernant les visites médicales ? Cliquez-ici pour bénéficier d'une heure d'entretien offert avec un spécialiste du droit du travail.

Ils nous soutiennent :

Ne partez pas de zéro plus de 100 modèles personnalisables disponibles gratuitement